Marché grand public, véhicules de tourisme, 4×4 SUV et Camionnette (TC4)
Reprise généralisée, avec une forte dynamique sur le segment 4×4/SUV
Les volumes Sell-In repartent à la hausse sur tous les segments, enregistrant une progression de +4,5 %. De leur côté, les ventes de pneus TC4 aux utilisateurs finaux (Sell-Out) via les principaux canaux panélisés (centres auto et pneumaticiens) suivent également cette tendance, avec une hausse de +3,4 % en volume et +4,2 % en valeur.
Après la crise de 2020 et la période de stagnation qui a suivi, les volumes en sortie d’usine des pneus pour 4×4/SUV retrouvent un rythme de croissance soutenu, atteignant +13,1 %. La part des pneus 4×4/SUV représente désormais 5,6 % des volumes et 8,2 % du chiffre d’affaires des détaillants panélisés, soit une progression de +1,7 point sur 10 ans. Leurs ventes continuent mécaniquement d’augmenter, avec +7,7 % en volume et +5,4 % en valeur, en phase avec la croissance des immatriculations de 4×4/SUV et leur part grandissante dans le parc circulant.
À l’inverse, la part des pneus Tourisme dans le total TC4 s’érode progressivement (-2,3 points en 10 ans). Toutefois, après la chute provoquée par la crise sanitaire et deux années de stagnation liées à l’inflation, les volumes repartent à la hausse en 2024, enregistrant une progression de +3,6 % en Sell-In et +2,9 % en Sell-Out.
Enfin, les pneus camionnettes connaissent une reprise solide, affichant une hausse de +5,1 % en volume et +4,6 % en valeur.
Prix moyens stables à un niveau élevé
Les prix de vente moyens sont restés globalement stables en 2024, mais à un niveau toujours élevé (+0,8 %). Sur le marché du pneu, l’inflation a débuté en 2021, s’est accentuée en 2022 et 2023, avant d’atteindre son point culminant en 2024. Cependant, les premières baisses de prix apparaissent sur le segment des pneus 4×4/SUV, les plus onéreux, avec un recul de -2,2 %.
Les prix moyens des pneus Budget ont proportionnellement moins augmenté que ceux des autres catégories de marques, y compris pendant la période d’inflation. L’écart avec les pneus Premium, marques B et Tradebrands s’est nettement creusé au fil des années.
Cette hausse des prix des pneumatiques reste toutefois modérée en comparaison avec d’autres secteurs : selon l’INSEE, sur la même période, les prix de l’énergie ont bondi de +56 %, ceux de l’alimentation de +31 %, et ceux des services de +14 %.
Les marques Premium en perte de vitesse, les marques Budget en plein essor
Les marques Premium restent dominantes, mais leur part de marché sur les pneus Tourisme continue de reculer. En déclin constant depuis dix ans et particulièrement fragilisées par la période d’inflation, elles ne représentent plus que 50 % des ventes en 2024, contre 63 % une décennie plus tôt. Moins exposées à la concurrence des marques Budget sur le segment 4×4/SUV, elles y conservent néanmoins 56 % des parts de marché.
Face à cette évolution, les marques B (seconde ligne) et les marques de distributeurs parviennent à maintenir leur position, malgré la montée en puissance des marques Budget, qui continuent d’afficher une croissance soutenue en volume et en valeur.
La part de marché des marques Budget (majoritairement importées d’Asie) a doublé en dix ans, atteignant 20 % des ventes en 2024. Leur ascension a commencé dès 2018, portée par une succession de crises sociales puis sanitaires, avant d’accélérer en 2022 sous l’effet de l’inflation. En 2024, leur progression s’est particulièrement accentuée à partir d’avril (+14 %) et de manière spectaculaire en septembre (+32 %). En moyenne annuelle, les volumes de pneus Budget ont enregistré une hausse de +9,6 % par rapport à 2023.
Les pneus 4 saisons confirment leur ascension, tandis que les pneus été et hiver reculent
Les pneus 4 saisons poursuivent leur progression entamée il y a une décennie. Leur croissance s’est particulièrement accélérée en 2021, avec l’entrée en vigueur de la loi Montagne et une politique de prix très maitrisée durant la période d’inflation. Contrairement aux pneus été et hiver, ils se vendent de manière régulière tout au long de l’année, sans pic saisonnier.
En 2024, les volumes de pneus été Tourisme enregistrent un nouveau recul de -4,7 %, prolongeant une tendance baissière continue depuis dix ans, avec une chute cumulée de -45 % sur la période.
De leur côté, les pneus hiver, fortement dépendants des conditions climatiques, maintiennent une part de marché de 14 % sur le segment 4×4/SUV en 2024. En revanche, sur le segment Tourisme, ils perdent 1 point de part de marché, s’établissant à 10 %.
Marché industriel, pneus poids lourds
Après deux décrochages en 2020 et 2023, dus à la conjoncture défavorable du transport de marchandises, les ventes de pneus neufs Poids Lourds repartent légèrement à la hausse en 2024 (+1,3%).
Depuis 2020, les volumes de sell-out de pneus neufs dépassent ceux du sell-in. Autrement dit, le volume des pneumatiques importés, non comptabilisé dans les sorties d’usines situées dans l’Union européenne (sell-in), mais commercialisé en France auprès des utilisateurs finaux (sell-out), devient plus visible et significatif. En 2023, année record, ces pneumatiques représentaient au moins 18 % des volumes, avant de redescendre à 14 % en 2024.
Dans cette activité BtoB très spécifique, les prix baissent jusqu’en 2017. À partir de 2018, la tendance s’inverse : les prix augmentent progressivement jusqu’en 2022, avant d’exploser. Cette flambée est provoquée par une perturbation brutale des échanges mondiaux, conséquence de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, entraînant une désorganisation de la supply chain du pneumatique Poids Lourds. La hausse spectaculaire des coûts de l’énergie, des matières premières et de la main-d’œuvre creuse l’écart de compétitivité entre l’Europe et l’Asie. Les effets se font sentir en cascade : percée inédite des pneus low-cost (notamment en provenance de Chine) et rechute de l’activité de rechapage, qui avait bénéficié de quatre années d’accalmie grâce à la mise en place d’une mesure antidumping de l’UE en 2018.
Derrière des chiffres globalement positifs, trois faits marquants doivent être retenus.
Tout d’abord, la progression des pneus low cost, qui représentent désormais un pneu sur cinq, résulte de plusieurs facteurs : l’augmentation des prix due à la guerre en Ukraine, la transition du marché automobile vers les SUV – dont les pneus, plus volumineux, sont nettement plus coûteux – et la pression croissante sur le budget des ménages, incitant les automobilistes à opter pour des solutions plus économiques afin de respecter la réglementation.
Par ailleurs, les pneus marqués 3PMSF – Toutes Saisons et Hiver – constituent désormais la moitié du marché TC4. Bien que l’absence de verbalisation demeure, la loi Montagne atteint progressivement son objectif. Il est cependant surprenant que les pouvoirs publics ne profitent pas de ce taux élevé d’équipement pour sanctionner les derniers automobilistes réfractaires. Il est essentiel de poursuivre nos efforts afin que cette loi, cruciale pour la sécurité en hiver, soit pleinement appliquée.
Enfin, le rechapage des pneus poids lourd reste à un niveau très bas. De nombreux utilisateurs, notamment dans les travaux publics, continuent de privilégier des usages mono-vie, à rebours des impératifs écologiques. Nous devons encourager les législateurs à mettre en place des mesures incitatives fortes pour promouvoir les pneus multi-vies, qu’ils soient premium ou low cost.